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> A propos

De l’ambiguïté à la frontière du moi, il est un domaine où règnent les êtres en devenir, en mouvement constant. Ce lieu privilégié est celui que Rodrigue Delattre tente de dépeindre en exploitant un vocabulaire de formes et de matières en permanente contradiction. Chargé de damier, de langage binaire, de verticalité, d’horizontalité et autres éléments antagoniques générant un important rapport de force, l’espace pictural se définit comme système codé précisément composé.

Dans cet espace -qualifié par l’artiste de no man’s land pictural- flottent des « héros » anonymes issus de l’iconographie familiale et trouvés là, au hasard des rencontres. Leurs caractéristiques premières restent résiduelles, entre pleins et vides, ils errent en se présentant à nous simplement, brutalement et souvent recouverts d’une deuxième peau binaire. Parfois, ils s’effacent partiellement en se confondant au fond et nous laissent alors la possibilité de décider de leur sort ; de les faire disparaître ou au contraire de leur laisser l’ultime possibilité de s’affirmer.

> Dont’ Forget

« Et si on prenait l’air ? »

https://www.telemb.be/article/et-si-prenait-lair-la-thanks-galerie?fbclid=IwAR0icO1p_2f4p2yS7vB5_L4-mTqKPWyTS7BvXBtrpYqbxhlGizkLwdk9dMg


> Reality cuts

Rodrigue Delattre works a lot, and we can’t help but see the flow of his elaborate, brilliantly designed drawings as a never-ending sequel of a comics about human vulnerability. In many cases the figures are inpersonalized through a grid of lines that partially or completely covers their bodies. This kind of network of lines may be familiar to us from 3D animation software that builds human shapes from smaller or larger geometric units. Created this way, these shapes lack the uniqueness of the individual human body — they are abstract bodies without personality. Delattre reverses this process. Although he removes the personal attributes of his characters, it still gives way to the appearance of fear, pain, and vulnerability in human interactions. Delattre uses yellowed old sheets of paper for his drawings that put these scenes in a historical perspective. We do not understand the situations but get a sneaking suspicion that the dark side of human existence flashes here and there in these pictures.

Marianne Csaky

Streetview gallery, Brussels


> #Because…

Un univers graphique peuplé de lignes, de cercles et de personnages anonymes, un univers où le sobre se mêle au voyant, le désuet à l’impertinence, le noir et blanc aux couleurs, le dessin au collage, l’encre de chine au crayon… Des œuvres polymorphes qui acquièrent une dimension différente lorsqu’on les regarde de près. Le papier lisse y côtoie alors l’acrylique rugueuse, les annotations disparates y prennent une signification autre, l’abstraction change.
Une expo de Rodrigue Delattre, c’est un questionnement sur plein de choses… Sur soi, sur l’anonymat, mais aussi sur les effets de la distance.
On aurait presque envie de toucher avec les yeux et de voir avec les doigts…

Daniel Godart


> Mycose Galerie


>Démence précoce

A l’occasion de son exposition à L’Espace Blanche, Rodrigue Delattre s’adonne à un Jeu dont nous sommes invités à définir les règles.
Plongeant le spectateur dans un univers pictural ambigu et antagonique, l’artiste nous questionne sur l’existence d’une hypothétique frontière entre normalité et auto-aliénation.
Influencé par la photographie ancienne, il donne vie à des personnages figés aux attitudes ambivalentes, évoluant dans un amas de structures géométriques et de mots qui posent la question de l’identité cognitive dans une société qui semble se caractériser par une absence de logique humanitaire.
Rodrigue Delattre détourne les codes, pour mieux explorer la relation animant perception, mythologie individuelle et interprétation.

Pauline Dantonel,

Galerie Espace Blanche, Bruxelles


> Arte, 50 D° Nord


> Cover Me

Rodrigue Delattre interroge les limites de l’image; entre peinture et dessin, illustration et abstraction, complexité et minimalisme.

Se documentant d’anciennes photographies, cet artiste procède à une manipulation globale de l’image de départ qu’il pousse jusqu’à l’acharnement. La photographie peut être ainsi scannée, retouchée, peinte, dessinée, découpée, sérigraphiée, projetée, camouflée d’encre ou de peinture.

Par un subtil travail graphique alliant économie picturale et signes antinomiques, il place ses figures en suspension dans un univers flottant au-delà des espaces connus. Il confère dès-lors aux images un sens nouveau, une histoire. Rodrigue Delattre raconte l’image avec l’élégance d’un écrivain qui, combinant les mêmes lettres que celles qui composent un ticket de caisse, rédige un poème !

Richard Lambert

Galerie Espace Blanche, Bruxelles


> Sur le fil

Oscillant constamment entre deux états contradictoires, le travail pictural de Rodrigue Delattre reflète cette activité permanente de cultiver le don d’ambiguïté. A travers une esthétique faussement incertaine, enrichie de signes antinomiques et de figures en suspension, l’image produite renvoie ici au questionnement-même du fragile équilibre pictural.

Inhumant de fantomatiques sujets « humains » peints, dessinés ou sérigraphiés, l’acharnement gestuel effectué se poursuit jusqu’au recouvrement, total ou partiel des sujets ici traités. Le harcèlement polymorphe et matiériste ici mis en exergue ne démontre en rien le désir de réponse, mais souhaite soulever le questionnement, l’intrigue, le flottement cognitif, le mouvement évolutif comme une nécessité, un leitmotiv permanent.

Encre, peinture, dessin, effacement, suppression, camouflage, quadrillage, tout est bon pour ne pas en rester là, aux dépens de ce que peut représenter la nature humaine à travers la structure de son pouvoir communicateur, de l’image qu’elle envoie.

A travers ce processus créatif, l’absence redevient étrangement pesante, le blanc retrouve une présence ignorée que renforcent ces innombrables formes géométriques d’un noir profond faisant au passage considérablement écho aux compositions flottantes, suspendues, tel un justificatif solide, nous rappelant à une réalité mathématique et rationnelle. Décidément, la peinture de Rodrigue Delattre n’est pas un rêve éveillé, encore moins une improbable chimère, nous sommes bien ici en présence d’une proposition picturale nous délivrant un lieu particulier, le don d’un espace où tout devient possible, à condition que nous acceptions, seuls, de choisir ce qu’il en advient.


> Painting is…

Forme distinctive d’ironie laconique, la peinture de Rodrigue Delattre ne craint pas de montrer des inepties. Comme pratique visuelle liée au corps, elle donne de la rugosité à ce qu’il y a de lisse dans la nature, nous conduisant dans cette autre réalité de l’espace de pensée. Par leurs présences fantomatiques au sein d’un univers éminemment flottant, les figures (humaines ?) distantes et réduites au silence qui habitent cette peinture dont les yeux ne sont ici que trous noirs plongés dans l’ombre – des cavités derrière lesquelles quelque chose est en train de naître – inquiètent au point d’en devenir obsessionnelle. Il est à la fois mystérieux et atterrant de constater combien cette peinture incarne par essence un lieu de l’au-delà. Le point commun de cette présente série se trouve peut-être dans cet aveu où la thématique du « renouveau », voir de la « renaissance », sous-tendent la terminologie de la mort.

La spécificité de ce travail pictural et figuratif, presque graphique réside dans l’extrême économie picturale, le sens minimal de la fiction et de la composition, ainsi que le traitement en aplats de couleur issue d’une palette éminemment personnelle. Des formes géométriques oscillent entre l’objectivité concrète de la représentation mimétique et les abstractions de surfaces. Le camouflage est ici facteur de style et de leitmotiv. Ce double jeu est également manifeste dans le traitement des figures obscurcies et des dissimulées (« TAKE A PEBBLE ») qui nous parviennent que de loin et dans l’utilisation systématique d’un rectangle noir horizontal (simplicité trompeuse de son style) capable d’éclipser certains éléments tout en asseyant l’ensemble de la composition. « Trait d’esprit », « trait d’union », il contamine l’ensemble de ses travaux, le motif répété de l’aigle (parfois démultipliée, « TREE BIRDS ») vient perturber ce consensus esthétique. Dans ce décorum plastique, chaque élément a besoin de son contraire pour exister, raison pour laquelle, l’artiste fait référence à une énumération abondante de signes antagoniques : l’image et l’écrit, (« PAINTING IS A WHORE EXPENSIVE »), le noir et le rouge, (« MY HANDS BURN MY MIND »), la rigidité et la régularité géométrique, (« RED BIRD ») renforcés par l’expression matiériste. Ici les jeux de cache-cache deviennent partie intégrante d’une herméneutique immanente à l’œuvre de Rodrigue Delattre.

Marion Estimbe


> A la frontière du moi

Issu de l’Académie des Beaux-arts de Bruxelles, Rodrigue Delattre reçoit ici l’occasion d’une importante exposition personnelle à l’Institut Supérieur du Language Plastique (I.S.E.L.P.). Chouette cadeau de cette galerie qui témoigne ainsi de sa confiance en des personnalités nouvelles et donc, en l’avenir.

Rodrigue Delattre pratique le peinture, s’interrogeant sur l’être en devenir, sur l’humain à la frontière de lui-même, entre ce qui est, ce qu’il pourrait être et devenir. Cette thématique est traitée avec un grand souci de l’acte pictural. En effet, les figures d’enfants, de jeunes hommes ou d’adultes emplissent ses toiles, figures réalistes mais mises en exergue par un tramage partiel de la surface tandis que les fonds sont généralement monochromes.

L’ensemble trouve aussi une cohérence dans les tons : symphonie de gris, de blancs et bleus, de traits noirs et le tout illuminé de bandes jaunes.

Anne Hustache,

Arts-Antiques-Auctions, N° 381 Mai 2007


> I.S.E.L.P.

Le travail de Rodrigue Delattre nous baigne dans une atmosphère inquiétante, peuplée de créatures obsessionnelles cernées d’un vocabulaire de formes et de matières ambiguës, à la fois attachantes et repoussantes. Mais qui sont-ils et d’où viennent-ils ces êtres sans visage dont l’univers interroge? « Border/line », titre choisi pour accompagner cette série de dessins et de peintures, renvoie à une sorte de no man’s land où vraisemblablement se déverse l’inconscient de l’artiste.
Dès ses premières œuvres, la présence de silhouettes voilées témoignait déjà d’une absence de communication. L’artiste privilégiait une réduction de l’image humaine en faveur de visions d’ordres fantomatiques. Privés de leur moi intérieur, les visages ne décelaient ni humanité ni individualité mais plutôt l’affliction d’une génération en quête d’identité. Enfermés dans leur linceul, ces êtres tragiques s’isolaient du reste du monde et imposaient à l’espace pictural un silence troublant.
Au-delà d’un climat de désolation, l’artiste dépeint, encore aujourd’hui, un environnement chargé en émotion qui fige le spectateur, bouleversé face à l’authenticité des protagonistes. En effet, au fil des rencontres, leur essence ne nous sera plus totalement étrangère.
À présent, l’artiste tente de se réconcilier avec le genre humain. Les figures hybrides se superposent à des images empruntées de photographies pour reprendre enfin une forme humaine. Les personnages, souvent en pied, apparaissent métamorphosés comme si une nouvelle civilisation voyait le jour.
Néanmoins, leurs caractéristiques premières restent résiduelles. Le damier noir et blanc, traité auparavant de manière abstraite, devient une enveloppe charnelle. Ici, le voile qui les dissimule permet à l’être humain sous jacent de se libérer quelque peu.
Deux réalités se confrontent et se mélangent, alliant règne animal et arpents géométriques. Ces derniers flottent dans l’espace, à la manière d’une composition abstraite, pour offrir de la profondeur avant de s’immobiliser devant un regard.
Les héros de Rodrigue Delattre ne sont ni vivants, ni morts. Leur réalité n’appartient pas à un lieu intermédiaire, transitoire entre ces deux états. Ils errent dans un espace temporel, entre un début et une fin, où l’expérience de la vie induit la prise de conscience de la mort. À travers une mythologie personnelle, l’artiste projette ce conflit existentiel et l’aborde comme un lieu frontière de l’« entre deux ».
Chaque élément a donc besoin de son contraire pour exister, raison pour laquelle, il fait référence à une énumération abondante de signes antagoniques : les nombres, le noir et le blanc, la rigidité et la régularité géométrique, renforcés par l’expression matiériste.
La mort devient une ouverture qui entraîne, dans la continuité de la vie, une transformation physique. Depuis ses premières recherches plastiques, les formes s’inscrivent dans un perpétuel mouvement de mutation. Cette dynamique répond au « double Je » de Rodrigue Delattre comme aux préoccupations collectives, aux tensions enfouies en chacun d’entre nous.

Adèle Santocono,

Institut Supérieur pour l’Etude du Langage Plastique, (I.S.E.L.P.)